Archive pour février 2007

6 000 langues, un patrimoine en danger …

lundi 19 février 2007

En marge de la prochaine Journée Internationale de la Francophonie ( 20 Mars 2007 ) nous vous proposons d'oublier quelques instants le sempiternel dossier relatif au " réchauffement de la planète " en lisant cet article qui nous paraît être tout aussi alarmant,

…..ce constat est dressé par Monsieur Ranka Bjeljac-Babic, maître de conférences et chercheur en psychologie du langage à l’ Université de Poitiers (France).

6 000 langues, un patrimoine en danger …

Dix langues meurent chaque année dans le monde, avec elles disparaissent des trésors culturels,

Parce que ce processus d'extinction s'emballe, un sursaut international est requis, l' immense majorité des langues serait-elle condamnée à disparaître à court terme?…. Les linguistes estiment qu'un idiome ne peut survivre qu'à condition de compter au moins 100.000 locuteurs, or, sur les quelque 6 000 langues qui existent actuellement dans le monde, la moitié, comptent moins de 10.000 locuteurs et un quart, moins de 1.000, à peine une vingtaine sont parlées par des centaines de millions de personnes.

La mort des langues n'est pas un phénomène nouveau, depuis qu'elles se sont diversifiées, au moins 30.000 sont nées et se sont éteintes, souvent sans laisser de trace, d'aucuns portent ce nombre jusqu'à 500.000; à cette très grande mortalité correspond une durée moyenne de vie relativement courte, rares sont celles qui, comme le basque, l'égyptien, le chinois, le grec, l'hébreu, le latin, le persan, le sanskrit, le tamoul et quelques autres ont soufflé leurs 2.000 bougies.

Internet et l'exclusion des "petites" langues,

Ce qui est nouveau, en revanche, c'est la vitesse à laquelle elles périssent en ce moment, en remontant dans le temps, on s'aperçoit que le déclin de la diversité linguistique a été considérablement accéléré par les conquêtes colonialistes européennes qui ont éliminé au moins 15% des langues parlées à l'époque. Au cours des trois derniers siècles, l'Europe en a elle-même perdu une dizaine, en Australie, il ne reste plus que 20 des 250 langues parlées à la fin du XVIIIe siècle, au Brésil, environ 540 (soit les trois quarts) sont mortes depuis le début de la colonisation portugaise, en 1530.

La naissance des Etats-nations, dont l'unité territoriale était étroitement liée à leur homogénéité linguistique, a également joué un rôle décisif dans la consolidation des langues adoptées comme nationales, et la marginalisation des autres, déployant de gros efforts pour instaurer une langue officielle dans l'éducation, les médias et l'administration, les gouvernements ont consciemment visé l'élimination des langues minoritaires, ce processus d'homogénéisation s'est renforcé avec l'industrialisation et le progrès scientifique, qui ont imposé de nouveaux modes de communication, rapides, simples et pratiques. La diversité des langues a été alors perçue comme une entrave aux échanges et à la diffusion du savoir, le monolinguisme est devenu un idéal.

C'est ainsi qu'à la fin du XIXe siècle, est née l'idée d'une langue universelle (on a même songé à revenir au latin), qui a donné lieu à une prolifération de langues artificielles. Le volapük a été la première d'entre elles, tandis que l'espéranto a connu le plus vif succès et la plus grande longévité, plus près de nous, l'internationalisation des marchés financiers, la diffusion de l'information par les médias électroniques et les autres avatars de la mondialisation ont intensifié la menace qui pesait déjà sur les "petites" langues.

Une langue qui n'est pas employée sur Internet " n'existe plus " dans le monde moderne, elle est hors circuit, elle est exclue du "commerce". Le rythme d'extinction des langues a ainsi atteint des proportions sans précédent dans l'histoire : 10 par an à l'échelle mondiale; l'avenir paraît encore plus sombre, selon les pronostics, de 50 à 90% des langues parlées aujourd'hui mourront au cours de ce siècle, leur préservation est une affaire urgente.

Les conséquences de la disparition des langues sont graves à plus d'un titre, si nous devenions tous uniformément monolingues, notre cerveau en serait affecté, au point de perdre une partie de notre créativité linguistique innée, toute tentative de remonter aux origines du langage humain deviendrait impossible et le mystère de la "première langue" ne serait jamais percé, par ailleurs, avec la mort de chaque langue, un volet de l'histoire de l'humanité se referme.

Un " Rio de Janeiro des langues "

Le plurilinguisme est le reflet le plus fidèle du multiculturalisme, la disparition du premier entraînera inévitablement la perte du second, imposer une langue à des populations dont la culture et le mode de vie ne s'y identifient pas, c'est étouffer l'expression de leur génie collectif.

Les langues ne sont pas seulement le moyen privilégié de communication entre les humains, elles incarnent la vision du monde de leurs locuteurs, leurs imaginaires, leurs façons de véhiculer le savoir, malgré toutes leurs parentés, elles reflètent différemment la réalité. Ainsi, lorsqu'on répertorie les mots qui existent dans toutes les langues et ont strictement le même sens, on n'en trouve que 300 tout au plus, parmi eux, figurent: je, tu, nous, qui, quoi, non, tout, un, deux, grand, long, petit, femme, homme, manger, voir, entendre, soleil, lune, étoile, eau, feu, chaud, froid, blanc, noir, nuit, terre, etc.

Le danger qui pèse sur le multilinguisme est analogue à celui qui concerne la biodiversité, non seulement parce que la grande majorité des langues sont bel et bien des "espèces" en voie de disparition, mais aussi parce qu'entre la diversité biologique et la diversité culturelle, il existe un lien intrinsèque et causal. Cette corrélation s'explique par le fait que les groupes humains, en s'adaptant à l'environnement dans lequel ils évoluent, acquièrent une connaissance particulière de leur milieu qui se reflète dans leur langue et, souvent, uniquement dans celle-ci, ainsi, une grande partie des espèces végétales ou animales en péril ne sont connues à l'heure actuelle que par certains peuples, dont les langues s'éteignent, en mourant, elles emportent avec elles tous un savoir traditionnel sur l'environnement.

En 1992, le sommet de Rio a mis en place des dispositifs de lutte contre la réduction de la biodiversité, l'heure est venue d'un " Rio des langues ", la prise de conscience de la nécessité de protéger les langues remonte au milieu du XX ième. siècle, quand les droits linguistiques ont été intégrés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU (article 2), depuis, une série d'instruments et un certain nombre de projets ont été mis en place, en vue de sauvegarder ce qui est désormais considéré comme patrimoine de l'humanité. Ces instruments ont au moins le mérite de ralentir le processus d'extinction des langues, à défaut de l'arrêter, et de promouvoir le multilinguisme dans le monde.

Ranka Bjeljac-Babic, maître de conférences et chercheur en psychologie du langage à l’Université de Poitiers (France).

Molière – Jeudi 22 mars au Théatre Communal d'Andorre la Vieille.

jeudi 1 février 2007


L'alliance Andorrano-Française organise le jeudi 22 mars à 22h la
projection du film "Molière" au Théatre Communal d'Andorre la
Vieille.

Collaboration : Comu d'Andorre la Vieille – Grands Magasins PYRENEES – Parfumeries GALA

Ventes anticipées au Syndicat d’Initiative d’Andorre La Vieille

Date de sortie : 31 janvier 2007
Réalisé par Laurent Tirard
Avec Romain Duris, Fabrice Luchini, Laura Morante
Film français.
Genre : Comédie dramatique
Durée :
02h

Synopsis

En 1644, Molière n'a encore que vingt-deux ans. Criblé de dettes et poursuivi par les huissiers, il s'entête à monter sur scène des tragédies dans lesquelles il est indéniablement mauvais. Et puis un jour, après avoir été emprisonné par des créanciers impatients, il disparaît…

La diversité linguistique, culturelle et biologique de la terre…

jeudi 1 février 2007

Les liens entre langue, culture et environnement laissent entendre que la diversité biologique, culturelle et linguistique doit être étudiée comme un tout, en tant que manifestations distinctes, mais étroitement et nécessairement apparentées, de la diversité de la vie sur terre.
Des chercheurs ont fait référence à ce nouveau terrain d’études sous le nom de “diversité bioculturelle”.
Partager un monde de différence : la diversité linguistique, culturelle et biologique de la Terre, auquel s’ajoute la carte la biodiversité culturelle du monde : peuples, langues et écosystèmes est un matériel éducatif co-publié par l’UNESCO, Terralingua et Fonds Mondial pour la Nature (WWF), destiné aux étudiants et au grand public, et qui introduit le concept de “diversité bioculturelle” en terme de développement durable.

Ethnologue, un des catalogues les plus utilisés des langues du monde, dénombre 6 809 langues utilisées (la plupart parlées, mais en incluant aussi 114 langues des signes) dans 228 pays en l’an 2000.
Cependant, moins de 300 de ce grand nombre de langues parlées de par le monde avait des locuteurs de plus d’un million, les langues les plus parlées étant le chinois mandarin, l’hindi, l’espagnol et l’anglais.
De plus, tout comme il y a des points chauds de biodiversités, il y a aussi des points chauds de biodiversité linguistique, c’est-à-dire des lieux dans le monde avec des concentrations de langues particulièrement élevées, comme la Papouasie Nouvelle Guinée et le Nigeria.

Les langues du monde représentent une richesse de créativité humaine extraordinaire.
Elles contiennent et expriment tout le “réservoir d’idées”, alimenté au fil du temps par le patrimoine, les traditions et les habitudes locales communiquées par les langues locales.
La diversité des idées véhiculées par différentes langues et nourries par différentes cultures est aussi nécessaire que la diversité des espèces et des écosystèmes à la survie de l’humanité et de la vie sur notre planète.
Dans de nombreux cas, la connaissance de traitements et remèdes naturels contres des maladies, transmise par des langues au cours de générations et liée à la flore locale, a été perdue à cause de l’abandon de langues et de cultures, et la destruction de l’habitat naturel.

La diversité culturelle est aussi nécessaire au monde que la biodiversité l’est pour notre planète.
Cependant, de la même manière que l’environnement mondial fait face à une crise grandissante de disparitions, la diversité culturelle du monde, en particulier la diversité et la richesse des langues, est menacée d’extinction.
Ethnologue dénombre 400 langues qui ont presque atteint un niveau de disparition à la fin du XX ème siècle, alors que l’Atlas des langues en péril dans le monde de l’UNESCO (édition 2001) estime que la moitié des langues du monde sont plus ou moins menacées d’extinction.

Pour faire face à ce problème de diversité culturelle, l’UNESCO soutient une éducation qui aide à maintenir et développer langues et cultures dans leur contexte écologique.

( source UNESCO – Paris 2007 )

Je me permets de vous relayer cette information, ce concept de diversité bioculturelle est intéressant, il nous faut certainement le prendre en compte et y réfléchir.